L’Archer Français a eu l’occasion de s’entretenir avec Monseigneur Hervé GIRAUD, Grand-Maître de l’Ordre de St Sébastien.
Né le 26 février 1957 à Tournon en Ardèche, Mgr GIRAUD est évêque catholique français, évêque titulaire de Soissons, Laon et Saint-Quentin depuis le 22 février 2008. Président du Conseil pour la Communication de la Conférence des évêques de France, il est particulièrement actif sur le réseau social twitter, via son compte @mgrgiraud, en publiant régulièrement des #twittomelie. Sa devise épiscopale, traduite en français du latin, est « Ressuscités avec le Christ ».
Voici ci-dessous le résultat de l’entretien que nous avons eu avec lui.
L’AF : Monseigneur, à ce jour, plusieurs archers remettent en doute les origines de l’Ordre de Saint Sébastien dont vous êtes le Grand-Maître. Les principales sources citées dans les articles contemporains ne semblent pas exister. Qu’en penser ? Auriez-vous des traces au sein de votre diocèse de ces documents ?
Mgr GIRAUD : Les archives diocésaines ne conservent, en France, que des documents postérieurs à la Révolution de 1789. Certaines pièces ont été saisies puis placées dans les dépôts publics créés à cet effet. D’autres ont été détruites. Et cette période révolutionnaire n’a pas le privilège des destructions et autres vandalismes. C’est dire s’il est difficile de faire l’histoire des périodes lointaines. Aussi, tout ce qui touche les origines de l’archerie et des privilèges donnés par les souverains pontifes à l’époque carolingienne doit être pris avec beaucoup de précautions.
L’AF : Ainsi, dans un souci de recherche scientifique historique la plus grande prudence sur cette origine probable mentionnée dans une bulle papale de 824 ?
Mgr GIRAUD : Le conditionnel est plus que jamais de rigueur quand on évoque la bulle papale d’Eugène II, de 824, dont l’authenticité est remise en doute par l’historiographie moderne qui reconnaît au contraire comme vraisemblable la translation de reliques de saint Sébastien depuis Rome et jusqu’à l’abbaye soissonnaise de Saint-Médard, en l’an 826.
L’AF : Ainsi, rien n’est vraiment certain sur l’établissement réel ou supposé de la pratique religieuse d’un Ordre ou d’une confrérie ou d’une archiconfrérie de St Sébastien ?
Mgr GIRAUD : Respectueuse des conclusions objectives de la science (contrairement à ce que prétendent ses détracteurs), l’Église ne veut pas s’appuyer sur des faits erronés ou approximatifs afin d’établir une pratique religieuse.
L’AF : Le 16 octobre 2012, le Saint Siège a rappelé que seuls sept Ordres chevaleresques étaient reconnus par l’Église : l’Ordre souverain militaire de Malte, l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, l’Ordre suprême du Christ, l’Ordre de l’éperon d’or, l’Ordre de Pie IX, l’Ordre de Saint-Grégoire-Le-Grand et l’Ordre de Saint-Sylvestre. L’Ordre de Saint Sébastien ne fait pas parti de cette liste ; ainsi il n’est pas réellement reconnu ?
Mgr GIRAUD : Là encore, dans un souci de vérité, l’Église ne veut pas donner une reconnaissance religieuse et ainsi un quelconque crédit à ce qui ne serait que pur folklore. C’est le sens des dernières directives du Saint-Siège.
Or, l’Ordre de Saint Sébastien n’est pas l’objet d’un folklore. Les membres qui le composent, animés par un véritable esprit chevaleresque, vénèrent Sébastien, leur saint patron, et gardent ses reliques.
C’est d’ailleurs en reconnaissance d’un long passé de relations entre les archers, leur saint patron, et l’Église, que les évêques de Soissons ont volontiers offert leur patronage à une association qui en perpétue le souvenir et encourage les valeurs évangéliques de loyauté, de respect, de dépassement de soi, de partage.
Loin d’être prohibé par l’Église, tout cela est au contraire vivement encouragé, notamment par le concile Vatican II qui a souhaité une ouverture aux réalités du monde de ce temps.
L’AF : Nous avons remarqué que vos armes comptent notamment comme « meuble » un arc. Sachant que les armoiries ne sont jamais dues au hasard, nous nous demandions ce qui a motivé votre choix ? Est-ce donc une volonté affirmée de vous lier au noble jeu de l’arc ?
Mgr GIRAUD : J’ai voulu simplement mentionner, par l’arc fleurdelisé d’azur, que l’évêque de Soissons a le titre de Grand maître de l’Ordre de Saint-Sébastien selon la tradition des Abbés de Saint-Médard, gardiens des reliques de Saint-Sébastien martyr depuis 826. Une manière de dire l’importance de l’histoire et de la mémoire, surtout à la veille du 17ème centenaire du diocèse de Soissons.