Naissance de la Confrérie

Histoire de l’Archiconfrérie de Saint Sébastien

1 – Naissance du culte Chrétien

En 496, CLOVIS fondateur de la monarchie Franque et seul Roy de toute la Gaule officialise la religion catholique. Débute alors la construction de nombreuses abbayes et autres lieux de culte religieux sur tout le pays.

En l’an de grâce 545, CLOTAIRE 1er  Roi de Neustrie, Roi de Soissons depuis 511, fonde l’Abbaye de Saint Médard, sur le tombeau du Saint Évêque de Vermand, dans les faubourgs de la ville de Soissons. Plus tard, elle deviendra première demeure des Rois de France. Charlemagne y fit construire et agrandir ses bâtiments, et sa « Chambre Dorée » y était célèbre.

En 562, cette Abbaye est reconnue par le Pape JEAN III , bien qu’enclavée dans le diocèse de Soissons, cette juridiction quasi épiscopale ne relève que du Pape sur le clergé et le peuple y résidant.

Le Pape Grégoire le Grand confirmera cette prérogative. L’ Abbé HILDWIN ou HILDUIN (770 – 855), Évêque et Baron, qui avait reçu de LOUIS 1er  » dit le Pieux ou le Débonnaire  » , (778 – 814) fils de Charlemagne, le droit de battre monnaie royale, recevra  en outre juridiction temporelle sur le faubourg de Saint-Vaast dont les habitants de cette Baronnie deviendront vassaux. Nous retrouvons donc dans le fief de l’Abbaye de Saint Médard, les deux institutions clés du Moyen-Âge, qui sont les pouvoirs temporel et spirituel.

Les deux pouvoirs qui régentent le corps et l’âme. Le premier étant détenu par le seigneur féodal, et le second appartenant à l’ autorité religieuse. C’est à ce siècle que débuta une véritable passion pour les reliques dans le monde de la chrétienté.

2 – L’ histoire de Saint Sébastien.

Sébastien est né vers 250 à Narbonne, d’un père gaulois et d’une mère milanaise. A sa majorité, il entre dans l’armée prétorienne romaine en garnison à Rome et devient centurion de la 1ère cohorte de la Garde Impériale sous le règne de Dioclétien. A cette époque la « Pax Romana » est fondée sur trois piliers, politique, militaire et religieux. Toute personne enfreignant un de ces fondements devient immédiatement suspecte de dissidence envers la communauté.

C’est a cette époque que Sébastien devient chrétien. Il doit alors faire un choix entre la raison d’état et sa conscience qui le pousse à prendre la défense de ses amis chrétiens persécutes. C’est cette dernière alternative qu’il choisit. En secret, il va dans les prisons réconforter ceux qui vont subir le martyre, jusqu’à ce que cela vienne aux oreilles de l’Empereur. Nous sommes en l’an 287.

Fou de colère, Dioclétien ordonne alors, que le centurion Sébastien soit attaché à un arbre et qu’il serve de cible à ses propres archers nubiens. Percé de nombreuses flèches, il est abandonné et laissé pour mort sur le lieu du supplice.

Une femme prénommée Irène demande la dépouille de Sébastien afin de l’inhumer chrétiennement. En nettoyant le corps, elle remarque que cet homme est encore en vie. Elle le soigne et quelques jours plus tard, Sébastien est miraculeusement guéri.

Il se rend aussitôt sur le passage de Dioclétien pour lui reprocher son acte. La colère de l’Empereur est alors telle qu’il donne l’ordre à ses troupes de le bastonner à mort et de jeter le corps dans le « cloaqua maxima ».

Retiré des égouts de la ville par Lucie, son corps est déposé dans les catacombes, dans une sépulture à coté de Saint Pierre.

Une Basilique marquera l’importance du culte voué à ce Saint qui devient le 3ème Patron de Rome, défenseur de l’église.

3 – La translation des reliques depuis Rome à Soissons

Nommé missi dominici, l’Abbé Hildwin profita d’ un voyage à Rome avec Lothaire (fils de Louis 1er) pour rencontrer le Pape Eugène II en 824 . Fort de cette amitié avec le Pape, il envoya en 826, le second dignitaire de Saint Médard, l’Abbé Rodwin, porteur d’ une lettre d ‘ approbation de Louis 1er, pour récupérer les reliques de Saint Sébastien se trouvant à Rome, à coté de celles de Saint Pierre.

Elles arrivèrent à Soissons le 9 décembre 826.

4 – Naissance de LA CONFRÉRIE  DE SAINT SÉBASTIEN

En cours de chemin et dès l’arrivée à Soissons, une liste de 4170 miracles est répertoriée par l’Abbé Rodwin lui-même. Délivrance de démons, disparition de spectres, guérison de maladies incurables, boiteux rendus alertes, vue, parole et ouïe rendue à ceux qui l’avait perdue etc….

L’on prétend même que Louis le Pieux fut témoins de 18 de ces miracles.

Toujours est-il que tout cela provoque à Saint Médard un culte passionné pour ces reliques aussi efficaces à faire entrer en l’escarcelle abbatiale les aumônes des pèlerins.

L’afflux de pèlerins, parmi lesquels pouvaient se glisser des malandrins plus avides de rapines que d’indulgences, amène l’Abbé Hildwin à recruter parmi ses vassaux une Garde Armée chargée de veiller jour et nuit sur les reliques, et de protéger les pèlerins. Que cette garde armée ait été équipée d’ arc est plausible car Charlemagne avait édicté que chaque manant possèdera un arc, 12 flèches dans un carquois . Ceci afin de protéger les villages d’éventuelles incursions ennemies. Charles II le Chauve aurait confirmé cette constitution de garde armée par une charte disparue à ce jour et dont il ne reste aucune trace authentique de son contenu.

En parallèle à la levée militaire, l’Évêque de Soissons Rothade crée une confrérie religieuse qu’il établit dans l’Abbaye et qui est chargée de susciter et de maintenir le culte rendu aux reliques.

Cette seconde constitution au profit de l’Abbé aurait été approuvée par une bulle du Pape Eugène II (celle-ci a disparue également).

De toute façon, l’Abbé , en sa qualité d’Évêque et de Baron n’avait nul besoin de ces documents pour créer valablement et de droit une milice armée et une confrérie religieuse. Que les membres de l’une fasse partie de l’ autre et réciproquement est parfaitement plausible  car cela correspond à l’esprit et à l’usage de cette époque.

On peut avancer avec certitude que la milice de Saint-Vaast était certainement composée exclusivement de Confrères de Saint Sébastien.