Illumination Crypte Saint-Medard

                                    le Mercredi 18 septembre 2019                                             Inauguration de l’éclairage de la crypte de St Médard de Soissons

Accueil par Monsieur Nicolas de SCHONEN, président de l’association de l’abbaye royale Saint Médard, sur le site de l’ancienne église.

Rappel historique par Monsieur Denis DEFENTE, archéologue départemental. CLOVIS roi de Tournai devenu roi des francs après sa victoire en l’an 486 sur Syagrius le dernier procurateur romain, a établi tout naturellement à Soissons sa capitale avant de la transférer à Paris, car notre ville possédait déjà une infrastructure administrative, économique et militaire unique pour l’époque. Pépin le Bref a été sacré roi à Soissons. Son fils Charlemagne, qui, comme dit la chanson, a inventé l’école, a établi à l’abbaye la 1ère école de musique. Les religieux venaient de tout l’empire avec leur antiphonaire pour se perfectionner en chant. Louis le Pieux, fils de Charlemagne sera retenu prisonnier à l’abbaye par ses fils qui se sont partagés ensuite l’empire au traité de Verdun. Dans la partie ouest, Carloman a établi à Soissons sa capitale. En l’an 826, le transfert des reliques de St Sébastien à l’abbaye St Médard a été la grande affaire de la chrétienté de l’époque.

La ville et l’abbaye ont été ruinées une 1ère fois en 1414 par les Armagnacs qui se sont comportés, disent les chroniqueurs de l’époque, « pires que Sarrazins.» Le comte de Soissons avait choisi le parti bourguignon. Au siècle suivant, en 1587 lors des guerres de religion, l’abbaye et la ville seront entièrement détruites par les huguenots. C’est ainsi que la cathédrale de Soissons a perdu son mobilier et sa statuaire. La tour nord ne sera jamais édifiée, le pays étant ravagé.

A son apogée, les remparts de l’abbaye protégeaient 18 hectares de constructions et jardins. Actuellement, deux hectares du site appartiennent à la ville de Soissons et six autres au conseil départemental qui héberge les pensionnaires de « La Cordée », une association qui accueille 44 enfants en danger, placés par le juge des enfants. Le reste du site appartient à différents propriétaires privés.

Ce 18 septembre 2019, trois grands panneaux montraient :

– un dessin de l’abbaye avant sa destruction de 1587,
– le plan de l’abbaye à son apogée,
– le plan établi en 1830 par la famille GESLIN qui a racheté les ruines à la révolution, les a recouvertes de 1,5 mètres de terre pour les transformer en jardin d’agrément. Ceux d’entre vous qui ont visité le cellier le lendemain d’un chapitre (Chapelle du petit séminaire aménagée en salle de gymnastique pour les enfants de La Cordée), se souviennent d’avoir descendu plusieurs marches, le sol ayant été surélevé par cette terre.

Nous avons pu admirer la magnifique pierre tombale de l’abbé Albéric qui dirigea l’abbaye entre 1204 et le 3 mai 1206, date de sa mort. Cette pierre a été dégagée en juin dernier par les élèves de 6ème des collèges de Soissons dans le cadre d’une initiation à l’archéologie. Sa magnificence montre la puissance de l’abbaye et de l’Eglise au 13ème siècle. Elle sera bientôt recouverte d’une couche de terre pour sa préservation.

Nous avons observé ensuite les fondations de la crypte dégagées lors des fouilles de cet été, et entendu les controverses des archéologues : mérovingien ou carolingien ? Bon nombre de pierres sont des réemplois de bâtiments romains puisque le centre de commandement qui maintenait l’autorité de Rome sur tout le nord de la Gaule était installé à Soissons. L’emplacement d’un amphithéâtre de 4000 places est d’ailleurs encore visible près du centre-ville. La vallée de l’Aisne jusqu’à Compiègne était couverte de magnifiques villas romaines, raison pour laquelle le centre d’études et de restaurations des mosaïques gallo-romaines s’est installé à St Jean des Vignes.

Descente dans la crypte : un parquet fait de caillebotis recouvre désormais le sol, très officiellement « pour que le public puisse déambuler sans endommager le sol archéologique.» Cette précision a beaucoup surpris et amusé les anciens dont je suis qui savent que des générations de petits-séminaristes, puis d’enfants de « La Cordée » ont joué aux indiens dans cet espace, ont fait le mort dans les sarcophages, ont posé dans les niches des statues. Mais « Par ce que c’est la consigne, il faut la respecter » disait le Petit Prince.

Ce parquet a au moins le mérite :

  • de cacher les gaines électriques qui éclairent des voûtes ayant abrité pendant un millénaire les tombeaux des rois de France et les reliques de St Sébastien,
  • de veiller à la sécurité des touristes : impossible désormais de se tordre les chevilles sauf si l’on est adepte des talons aiguilles.

C’est une très belle réalisation que nous devons à l’opiniâtreté et aux talents de Monsieur de SCHONEN et de son équipe. Qu’ils en soient remerciés !

Pour l’Archiconfrérie de Saint Sébastien,                                                        Jean-Pierre JOLLIOT Archer-gardien des reliques

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